(Versione italiana sopra)
En ce mardi 21 mars, Marc Lazar, professeur d’Histoire et chercheur en sociologie politique à Sciences Po (Paris) et à la LUISS (Rome), nous fait l’honneur de donner une conférence sur le campus d’HEC. Avec cette interrogation : à la lumière des cas français et italien, peut-on dire que l’on assiste au crépuscule des démocraties européennes ? Gramsci disait en son temps que « Le vieux monde se meure, le nouveau monde tarde à apparaître, et dans ce clair-obscur surgissent des monstres. » Quels sont ces monstres, M. Lazar ?
Pour étudier les démocraties européennes, Marc Lazar fonde son analyse sur les démocraties française et italienne. Souvent, elles se caricaturent mutuellement : les Italiens ont une admiration fantasmée pour l’administration française et sa politique exemplaire ; les Français déforment la réalité politique italienne pour la résumer à de la corruption.
L’intérêt de la comparaison sur laquelle travail M. Lazar est l’opposition frontale initiale qui sépare ces deux pays : nation jeune contre vieux pays, institutions solides contre institutions inefficaces, centralisme contre régionalisme, etc. La thèse de Marc Lazar est alors que l’on assiste aujourd’hui à une convergence historique de ces deux pays vers un grand malaise démocratique. L’Italie serait alors le sismographe de secousses que la France ne tardera pas à connaître.
D’un point de vue plus historique, l’Italie connaît à la fin des années 70 une crise de ses partis politiques (secoués entre autre par l’opération Mani Pulite). Le Parti Communiste Italien (PCI) et la Démocratie Chrétienne (DC) laissent la place à de nouvelles forces comme Forza Italia, dirigée par un certain Silvio Berlusconi. Dans une situation économique et sociale difficile, la confiance envers les partis politiques est au plus bas (4% aujourd’hui). On assiste au passage d’une démocratie à une autre, marquée par des alternances quasi-systématiques entre centre-droit et centre-gauche au cours des années 2000.
Les deux dernières années sont charnières : d’une part surgit Matteo Renzi, jeune maire de Florence qui veut incarner le renouveau ; d’autre émerge le mouvement Cinq Etoiles, premier parti politique depuis 2013 malgré les scandales et l’incapacité à gérer la ville de Rome. Ce parti se résume pour certains à une opposition au pouvoir en place, témoignant du malaise démocratique.
En France aussi, on assiste à l’explosion des partis en place (avec la situation pour la présidentielle que l’on connaît). Le système des partis de gouvernement vacille : il y a crise de la représentation. Les institutions sont solides, mais le malaise italien arrive en France : rejet des partis politiques (11% de confiance) et des élites, quelles qu’elles soient.
A partir de tout cela, que dire sur l’état et la nature de nos démocraties ? Dès 1995, Bernard Manin, dans les Principes du gouvernement représentatif, parlait d’une démocratie du public. Selon lui, le déclin des grands partis et des grandes idéologies allait de pair avec un renforcement du poids l’opinion publique, rassemblée au moins en partie autour d’un leader fort : Berlusconi, Blair, Sarkozy. Cette démocratie aspire également à être plus participative : la population ne veut plus voter une fois tous les 4 ans mais en permanence.
Marc Lazar nous donne alors la solution à la question qui nous taraudait depuis le début : selon lui, nous entrons dans une autre phase de la démocratie du public, la peuplecratie. Le demos est mobilisé en permanence dans des mouvements, dont les plus puissants sont populistes. Le grand enjeu est donc de relégitimer la politique : retisser un lien avec le peuple, réfléchir sur la formation des élites, sur leur rôle dans la société. Question fondamentale à Sciences Po et à HEC…
Nous remercions encore Marc Lazar d’avoir accepté de venir nous éclairer sur ces thèmes si déterminants pour notre futur collectif.
Versione italiana
Marc Lazar a HEC : il crepuscolo delle democrazie europee ?
Questo martedì 21 Marzo, Marc Lazar, professore di Storia e ricercatore in sociologia politica a Sciences Po (Parigi e alla LUISS (Roma), ci onore della sua presenza per una conferenza sul campus di HEC. Ecco è la nostra interrogazione: guardando i casi francese e italiano, è possibile dire che assistiamo al crepuscolo delle democrazie europee ? Gramsci diceva che « il vecchio mondo sta morendo, quello nuovo tarda a comparire, e in questo chiaroscuro nascono i mostri. » Quali sono questi mostri, M. Lazar ?
Per studiare le democrazie europee, Marc Lazar fonda la sua analisi sulle democrazie francese e italiana. Spesso, si caricaturano mutualmente : gli Italiani ammirano l’amministrazione francese e la sua politica esemplare; i Francesi sformano la realtà politica italiana per riassumerla a della corruzione.
L’interesso del paragone sul quale lavora M. Lazar è l’opposizione frontale iniziale che separa queste nazioni: nazione giovane contro paese vecchio, istituzioni solide contro istituzioni inefficacie, centralismo contro regionalismo, etc. La tesi di Marc Lazar è quindi che assistiamo oggi a una convergenza storica di questi due paesi verso un grande malessere democratico. L’Italia sarebbe allora il sismografo di scosse che la Francia non tarderà a conoscere.
Di un punto di visto più storico, l’Italia conosce alla fine degli anni 70 una crisi dei suoi partiti politici (scossi fra altri da l’operazione Mani Pulite). Il Partito Comunista Italiano (PCI) e la Democrazia Cristiana (DC) spariscono e nuove partiti come Forza Italia, diretta da Silvio Berlusconi. In una situazione economica e sociale difficile, la fidanza verso i partiti politici tradizionali è molto bassa (4% oggi). Assistiamo allora alla transizione di una democrazia a un’altra, segnata da alternanze quasi-sistematiche tra centro-destra e centro-sinistra a partire dal 2000.
Gli due ultimi anni sono fondamentali: da un latto apparisce Matteo Renzi, giovane sindaco di Firenze, che vuole incarnare il rinnovo; dall’altro emerge il movimento Cinque Stelle, primo partito politico dal 2013 malgrado gli scandali e la sua incapacità a gestire la città di Roma. Questo partito si riassume per alcuni a un’ opposizione al potere, testimoniando del profonde malessere democratico.
In Francia anche, assistiamo all’esplosione dei partiti classici (rinforzata dall’elezione presidenziale in corso). Il sistema dei partiti di governo traballa: è una crisi della rappresentazione. Le istituzioni sono solide ma il malessere italiano arriva in Francia: rigetto dei partiti politici (11% di fiducia) e delle elite, qualsiasi siano.
A partire di queste osservazioni, cosa dire sullo stato e la natura delle nostre democrazie? Nel 1995, Bernard Manin, nei Principi del governo rappresentativo, parlava di una democrazia del pubblico. Secondo lui, il declino dei grandi partiti e delle grande ideologie era legato a un rinforzamento del peso dell’opinione pubblica, riunita in torno a un leader carismatico: Berlusconi, Blair, Sarkozy. Questa democrazia aspira anche a essere più partecipativa: la popolazione non vuole più votare solo una volta fra quattro anni mais tutto il tempo.
Marc Lazar ci da allora la soluzione alla questione che ci filettava dall’inizio: secondo lui, entriamo in un’altra fase della democrazia del pubblico, la popolocrazia. Il demos è mobilizzato sempre in movimenti, delle quali i più potenti sono populisti. Si tratta quindi di rilegittimare la politica: ricreare un legame col popolo, riflettere sulla formazione delle elite, sul loro ruolo nella società. Questioni fondamentale a Sciences Po e ad HEC…
Ringraziamo ancora Marc Lazar di aver accettato di venire spiegarci questi temi che sono determinanti per il nostro futuro collettivo.